La presse cybernétique prend ses marques et s’enracine dans les mentalités et les pratiques. Pour le 20ème anniversaire de la Déclaration de Windhoek en Namibie, qui marque aussi la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse, l’Unesco concentre les activités autour du thème : «Les médias du 21ème siècle, nouvelles frontières, nouveaux obstacles». Au ministère de la Communication (Mincom), quelques responsables rencontrés indiquent que ces nouvelles frontières et ces nouveaux obstacles visent à circonscrire l’invasion du métier par Internet. «Dans cet espace, l’on retrouve toutes sortes d’informations qu’on a beaucoup de difficultés à tracer», se laisse aller un cadre de cette administration, qui pense que c’était l’occasion pour le ministre de convoquer une réflexion sur la codification et la réglementation de ce support au Cameroun.
Dans le paysage camerounais, la presse cybernétique à ses noms et son public. L’on peut ainsi citer camerpress, média infoservice, mboablog, camer.be, camerounactu.net, camerounlink, camerounonline Bonaberi.com, kaï walaï, ou encore journaducameroun.com. En dehors de mboablog ou encore de camerpress dont les rédactions se trouvent au Cameroun, la plupart de ces sites sont basés en France, aux Etats-Unis ou encore en Belgique. Partout, l’actualité du Cameroun, traitée dans les autres médias et notamment la presse écrite, est reprise et diffusée avec les mêmes signatures. Ces supports initient aussi, à l’image des autres tribunes, enquêtes, reportages, interviews etc., pour donner de l’embonpoint à leurs contenus. Ce qui de l’avis de Elvis Mbimba, donne de l’envergure à ce support dans l’environnement médiatique camerounais.
«Le fait que les gens fassent désormais leur publicité sur le Net est un des critères de l’importance de ce support dans l’espace médiatique ; en plus le nombre de personnes qui visitent la Toile a augmenté, ce qui fait. Maintenant sur la capacité des sites camerounais à donner en primeur des informations, l’on est encore loin du compte au Cameroun», explique le cyberjournaliste, spécialisé en web radio.
Le développement de ce support a été observé autour de 2004, avec l’annonce par un site Internet du décès du chef de l’Etat. Du coup, l’on a assisté à un foisonnement qui regrette Elvis Mbimba, n’est pas toujours suivi de la qualité. «L’on a quelques sites comme mboablog ou encore journalducameroun.com qui sont bien structurés avec des rédactions bien organisées ; à côté ça il y a du moins bon et ceux qui n’ont pas de rédactions ou des moyens de se déployer convenablement», souligne le cyberjournaliste.
Seulement, sur le plan juridique, il n’existe pas encore de texte qui réglemente ce segment de la presse au Cameroun. En l’absence de ce cadre, les éditeurs se réfèrent à la loi de 1990 sur la communication sociale, même si certains estiment que les conditions soumises aux éditeurs de journaux en ligne sont plus sévères que celles de la presse écrite. «Le ministère de la communication a créé un fichier national de la presse cybernétique où les conditions de création sont très rudes comparées à celles de la presse écrite», explique Justin Blaise Akono de camerpress.
D’après lui, les éventuels créateurs sont tenus de présenter un registre de commerce qui officiellement coûte 53.000Fcfa, mais leur revient à 70.000Fcfa. «Pourtant en presse écrite, pour obtenir un récépissé de déclaration on ne dépense que 20.000Fcfa», poursuit l’éditeur.
Pierre Célestin Atangana
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