18 mai 2009
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«C'est sûr que la crise financière nous a affectés. Nous avons dû aligner notre main-d'oeuvre sur la production effective et, depuis 2006, elle est passée de 6000 à 5000 personnels. Elle nous a donc poussés à diminuer les effectifs pour des raisons évidentes. C'est ainsi que les retraités n'ont pas été remplacés. Les travaux de main-d'oeuvre indirecte comme le défrichage ont été ralentis. On estime à 14 ou 15% la réduction des effectifs que nous avons connue. D'autre part, il y a la baisse des exportations.
Qui s'est répercutée ici avec notre ligne de latex centrifugé que nous avons dû arrêter. Toutes les commandes en provenance d'Europe ont quasiment disparu. Avant, nous avions une quinzaine de clients européens dont dix ont fait faillite en laissant une ardoise lourde dont la maison mère a dû écoper ». Ainsi parle Alain T. Young, le directeur général de Hévéa - Cameroun.
Et à l'entrée de l'usine située au centre de la concession d'Hévécam à Nyeté, le visiteur ne peut pas manquer çà. La chaîne de latex centrifugé est effectivement à l'arrêt. Il règne une sorte de calme. Le directeur de l'usine, M. Yatim, fait faire le tour du propriétaire. A l'étage en dessous, des ouvriers sont en train d'effectuer des travaux de maintenance. A la suite du directeur général, il précise : « on va faire redémarrer progressivement au fur et à mesure que le carnet de commandes se rétablit et actuellement, la ligne est en service pour la fabrication d'échantillons à envoyer à des clients étrangers. » Sinon, il faudra attendre. Et continuer de ne produire que du caoutchouc granulé. Parce que la crise financière est déjà une réalité à Hévécam.
Où il va encore falloir s'adapter. A des changements globaux. « L'entreprise a gardé les emplois, constate Alain T. Young, le directeur général. Elle a assumé une trésorerie qu'elle n'avait pas. Jusqu'à quand va-t-elle le faire ? N'oubliez pas qu'aux Etats-Unis et dans les autres grandes économies occidentales, ce sont des millions d'emplois qui ont été perdus et ce n'est pas terminé. Il faudrait qu'ici l'on comprenne que « there is no more free lunch ». Nous sommes une société privée. Les repreneurs ont connu bien des difficultés et il ne peut pas être question de tout jeter par terre ».
Entre les lignes, on croit comprendre que malgré les vents sévères qui font plier les grands arbres d'Hévecam, ceux-ci ne sont pas près de rompre. En 1996, Hévécam, société d'Etat, a été privatisée sous l'impulsion d'un programme de développement de la Banque mondiale. Des intérêts asiatiques ont manifesté leur intérêt et ont ainsi acquis 90% du capital contre 10% pour l'Etat du Cameroun.
GMG Global, firme cotée sur le marché de Singapour et spécialisée dans le caoutchouc est donc devenue l'actionnaire majoritaire à travers sa filiale GMG International S.A., société de droit camerounais. GMG GLOBAL, maison-mère, a vu à son tour l'entrée dans son capital d'une société étatique chinoise (SINOCHEM INTERNATIONAL), leader international dans le secteur du caoutchouc naturel. Avec une production annuelle de 30 000 tonnes, Hévécam contribue pour moitié aux 60 000 tonnes de la production camerounaise.
Désormais filiale d'une multinationale, Hévécam voit ses orientations et même son sort décidé très loin et en fonction de paramètres tout aussi lointains. A en croire les responsables de l'entreprise, c'est le partenariat dont les ramifications s'étendent jusqu'en Asie en particulier qui permettent à l'entreprise de tenir le coup jusqu'ici. Et de sauvegarder l'activité principale, les emplois et l'équilibre socio-économique de dizaines de milliers d'habitants de la région. Mais jusqu'à quand ? Du côté de la Cameroon Development Corporation (CDC) la situation n'est guère plus reluisante les pertes pourraient tourner autour de 10 milliards de F. FCFA en 2009.