L’enseignement de cette discipline déroge aux normes traditionnelles d’enseignement.
La nouveauté de l’informatique fait d’elle une matière peu ordinaire dans le système éducatif camerounais.Créées en 2002 comme disciplines inscrites aux programmes de formation dans les établissements scolaires au secondaire notamment, les technologies de l’information et de la communication (Tic) imposent, de par leur nature et «leur relation directe avec la marche du monde moderne», selon les propos d’un inspecteur pédagogique d’informatique en service au ministère des Enseignements secondaires (Minesec), des dérogations dans leur enseignement. «Il y a un programme de formation à deux vitesses : d’abord, faire acquérir des compétences aux élèves pour pouvoir s’adapter à l’outil informatique ; puis faire changer la pratique, que les jeunes s’approprient progressivement les technologies de l’information et de la communication, que l’on évolue vers une révolution numérique», ainsi que l’explique cet expert, parlant de la philosophie qui gouverne l’enseignement de cette discipline.
Il s’agit simplement de familiariser l’élève à l’outil informatique, l’enseignement des logiciels de base tels que ceux de saisie, de calcul des bases de données… le tout en 2 heures de cours par semaine, quel que soit le niveau, de la 6e en terminale. Concrètement, «nous avons appris les généralités sur l’informatique : c’est-à-dire quelles sont les différentes parties d’un ordinateur, comment créer un fichier, saisir, enregistrer,…», témoigne Anitha, élève en 3e au collège adventiste de Yaoundé.
Les programmes prévoient des cours théoriques et pratiques. « On alterne la théorie et la pratique, une semaine pour l’une et une pour l’autre», explique Laurence, nouvellement promue en classe de seconde au lycée d’Elig Essono. Avec une salle informatique de 60 ordinateurs, le lycée d’Elig Essono (Yaoundé) est certainement l’un des plus nantis en la matière. Ailleurs, on parle d’une quinzaine ou d’une vingtaine d’appareils. Mais, le parc informatique du lycée d’Elig Essono ne peut satisfaire le besoin. « L’idéal serait 3 ou 4 salles », estime Martin Abéga Omgba, censeur dudit établissement. Alors, on organise les emplois de temps à cet effet. «Pour les cours pratiques, on divise la classe en deux groupes ; les deux premières rangées d’abord, puis les deux autres», raconte Eric, élève dans cet établissement.
Aux frais des parents
Cela a un coût que doivent supporter à la fois l’établissement et les parents d’élèves. Chaque élève paie les frais d’informatique au moment de l’inscription. Mais, «ces frais ne devraient pas dépasser 5000 F Cfa», précise-t-on au Minesec. Et c’est ce montant maximal qui est généralement appliqué, comme au lycée de Mendong (Yaoundé). Quelques établissements seulement dérogent à la règle. «L’année dernière, on avait payé 8000F pour l’informatique et l’Ape», confie Laurence. Un parent parle de 5000 F Cfa de frais d’Ape pour la même année. Ainsi, l’informatique devrait avoir coûté 3000 F à chaque élève. L’instruction ministérielle n’est pas valable pour l’enseignement privé. Au collège adventiste de Yaoundé, par exemple, « on paie 10 000 F annuellement», affirme Anitha.
Ce qui pour autant ne devrait pas être interprété comme du racket, souligne l’inspecteur pédagogique, qui pense que « dans aucun pays, l’Etat ne peut supporter seul la charge de la formation en informatique ». Et de détailler : « La machine qui coûte déjà cher n’est pas seule et il n’en faut pas qu’une seule; il y a les logiciels qu’il faut installer, l’encre qui coûte très cher, la consommation électrique, l’entretien de ces appareils qui est délicat, …». En plus, « il n’y a pas assez d’enseignants, l’Ecole normale n’ayant commencé à former des enseignants d’informatique que depuis deux ans». D’où un déficit de personnels à ce niveau.
Du coup, on fait recours aux licenciés et autres diplômés de l’Iai ou encore aux diplômés de Bts pour enseigner. « On a un moniteur avec qui on a signé un contrat et un cahier de charges qu’il doit respecter. Il doit recruter des animateurs avec qui il dispense les cours. Comme ils n’ont pas toujours le profil d’enseignants, par moments, on organise des stages animés par des inspecteurs pédagogiques», confie Martin Abéga Omgba. Au cours de ces stages, « on insiste sur comment transmettre les connaissances aux élèves, comment évaluer, ... pour qu’ils n’aient plus seulement les compétences techniques», ajoute l’inspecteur pédagogique.
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