9 juin 2009
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Les précisions du Dr Martin Zeh-Nlo, Représentant résident Assistant/Programme, responsable Unité développement durable, Pnud Cameroun.
Le thème de la journée mondiale de l'Environnement appelle à l'union contre le changement climatique. Que faire concrètement ?
Le thème, « Votre planète a besoin de vous - Unis contre le changement climatique », reflète l'urgence pour les nations de s'entendre sur un nouvel accord à la réunion de Copenhague sur la convention sur les changements climatiques, prévue en décembre 2009, ainsi que les liens entre le changement climatique, la réduction de la pauvreté et l'amélioration de la gestion des forêts. Ces dernières années ont été un moment de prise de conscience internationale en matière d'environnement. Nous sommes de plus en plus conscients que la révolution industrielle a irrémédiablement modifié les rapports entre l'humanité et la nature. L'augmentation de l'activité industrielle depuis la moitié du 18e siècle a entraîné une accumulation de dioxyde de carbone (CO2) mélangé à du méthane et à du protoxyde d'azote. Ces gaz se mélangent pour former une couche dans l'atmosphère qui empêche la chaleur de s'échapper.
La chaleur est renvoyée vers la terre, ce qui provoque une augmentation des températures. Les scientifiques ont récemment confirmé qu'il y a 90% de chance qu'une grande partie du réchauffement actuel soit produit par des activités humaines. On craint que d'ici la moitié ou la fin du 21e siècle, les activités humaines auront changé les conditions fondamentales ayant permis à la vie d'apparaître et de se maintenir sur terre. Le débat actuellement est focalisé sur les mesures à prendre pour empêcher les températures de s'élever de plus de 2°C au-dessus des niveaux pré industriels et de stabiliser le niveau de CO2 dans l'atmosphère à 450 ppm (partie par million). Comment le faire doit être ce à quoi le nouveau cadre des accords auxquels doivent parvenir les pays à Copenhague en 2009 du 7 au 18 décembre.
Pouvez-vous rappeler les risques liés au changement climatique ?
Si nous ne changeons pas de mode de vie de manière progressive d'ici 2080, les sécheresses et les changements dans les chutes de pluies entraîneront des pénuries alimentaires et des pertes de production agricole considérable. La fonte des glaciers entraînera de inondations suivies de l'assèchement des fleuves qui donneront lieu à des pénuries préjudiciable à la vie. La santé humaine sera affectée directement et indirectement. Une augmentation de la température de plus de 3°C s'accompagnera de la disparition de 20 à 30% des espèces de la planète en danger d'extinction. L'augmentation continue des températures entraînerait des sécheresses, des inondations et davantage de cyclones tropicaux. Il ressort de tout cela qu'environ 600 millions de personnes en plus dans le monde (9% de la population mondiale actuelle) risquent de souffrir de malnutrition. 1,8 milliard de personnes en plus risquent de souffrir de pénuries d'eau. Comme l'indique le message du Sg de l'Onu à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, le changement climatique constitue une grave menace pour la terre. Tous les pays seront touchés et partout à l'intérieur des pays, ce sont les pauvres qui souffriront les premiers. La réunion de Copenhague revêt une importance fondamentale pour l'avenir de l'humanité : c'est une bonne occasion de changer de cap.
Que peuvent faire les Etats ?
Comme vous vous en doutez, les gaz à effet de serre (GES) et leurs effets ne s'arrêtent pas aux limites territoriales des pays qui les émettent et les impacts qui en résultent toucheront toutes les régions du globe. Comme le protocole de Kyoto arrive à échéance, pour que sa deuxième période d'engagement soit ambitieuse, plusieurs points - en fait des mesures concrètes - doivent être approuvés. L'équité dans la lutte contre les changements climatiques, parce que les pays industrialisés sont responsables des émissions en quantité plus importante des GES. Ils possèdent également des ressources financières et technologiques et doivent de fait être les premiers à réduire massivement leurs émissions. Ils doivent aider les pays du Sud à réduire les leurs et à s'adapter aux impacts à venir. Cette démarche appelle une solidarité pour aboutir à de nouveaux mécanismes. En rappel, pour éviter des impacts irréversibles, l'augmentation de la température mondiale doit rester sous les +2°C par rapport à 1850. Cela signifie que les émissions mondiales de GES doivent atteindre leur pic à 2015 pour décliner ensuite de manière drastique.
Cela implique que les pays industrialisés doivent s'engager à Copenhague, à réduire leurs émissions de plus de 40% d'ici 2020. L'action des seuls pays industrialisés ne suffira pas. Les pays en développement les plus avancés économiquement (la Chine, l'Inde ou le Brésil) devront aussi participer à la réduction. Il sera capital que les pays industrialisés s'engagent à réduire leurs émissions sur leur territoire national et pas seulement par la réalisation de projets de réduction des GES dans les pays en développement (achat de crédits CO2 de compensation)