Le pays ambitionne de redevenir un grenier pour le marché interne et sous-régional
Bien que cela paraisse invraisemblable, le Cameroun pour satisfaire sa demande interne en céréales principalement le riz et le maïs, dépend à plus de 70% des importations. Avec la crise alimentaire qui se dessine à l’horizon, le Cameroun a choisi de réagir. Bientôt, des dizaines de milliers d’hectares de riz et de maïs pourraient être cultivés au Cameroun grâce à un financement indien portant sur plus de 18 milliards de francs. Cette information que rapporte le quotidien officiel Cameroon Tribune provient du ministère de l’économie du plan et de l’aménagement du territoire dont le chef de département a conduit une mission du 14 au 23 avril 2009, à New Delhi en Inde, auprès de l’institution financière "EXIM BANK of India". Le projet n’est pas des moindres. Au début de l’année en cours, les autorités camerounaises déclaraient des risques de gros déficits céréaliers d’ici à 2012. Louis Paul Motaze ministre camerounais de l’économie et de la planification a fait le déplacement de New Dehli à la tête d’une forte délégation. L’objectif était de finaliser les négociations et procéder à la signature avec ce partenaire, d’une convention d’ouverture d’une ligne de crédit d’un montant total de 37,65 millions de dollars US, soit environ 18,825 milliards de FCFA pour le financement des projets relatifs à la production de maïs et de riz au Cameroun. Le financement accordé pour une période de 20 ans dont 5 ans de grâce, est destiné à la mise en place de 10 000 ha de cultures mécanisées dont 5 000 ha pour le maïs et 5 000 ha pour le riz. La mise en œuvre des projets y relatifs devrait contribuer à la consolidation de la sécurité alimentaire, en même temps qu’elle pourrait permettre l’implantation d’une chaîne de montage d’engins agricoles au Cameroun et d’une unité de fabrication d’outils agricoles.
Cette perspectives se déploie aux cotés d’une autre actuellement en cours et portant essentiellement sur la culture du riz. Ce projet se trouve actuellement dans sa phase de matérialisation au Cameroun et devrait être étendu dans les pays voisins. Il bénéficie d’un appui financier du Fonds commun des denrées, une structure de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), d’un montant estimé à près d’un milliard de francs CFA, donc 500 millions de francs CFA pour le Cameroun. Connu sous le nom de la Coordination du projet d’amélioration de la compétitivité du riz en Afrique centrale (NERICA), cette technique permet non seulement la modernisation des techniques culturales pour une productivité plus croissante, mais permet également d’obtenir d’autres aliments à partir de la culture du riz. Nous voulons réunir tous les partenaires qui interviennent dans la chaîne de production dans l’optique d’améliorer la compétitivité du riz au Cameroun en Afrique centrale, a indiqué le coordonateur du NERICA. D’après les experts de l’IRAD, le riz pluvial qui pousse comme le maïs se réalise au bout de cinq mois, alors que le nouveau riz aura besoin de trois mois et demi au plus, faisant gagner à peu près deux mois dans un cycle cultural.
Si les observateurs avertis se félicitent de l’initiative du ministre Motaze, ils demeurent cependant interrogateurs sur un certain nombre de points. Tout d’abord et en priorité il est fait remarque que le gouvernement effectue cette démanche sans au préalable faire un diagnostic réel de la situation. Les chiffres invitent pourtant à la réflexion. Pour ce qui est du riz par exemple, le Cameroun en 1975 produisait 80% de la consommation nationale du riz. En 2007, il était déjà obligé d'importer près de 90% de ses besoins. Ces chiffres sont ceux de l'Institut national de la statistique (Ins). Dès lors, une question se pose : que s'est-il passé pour que la tendance s'inverse radicalement trente ans après ? Pourtant il existe 240 000 ha de surface arables pour la culture du riz au Cameroun. Mais à ce jour, seuls quelques hectares sont cultivés. Les périmètres de la Semry situés dans la province de l'Extrême Nord peuvent permettre l'exploitation de 13 000 ha par an. Selon le directeur de la Semry, Marc Samatana, la production de la Semry a une fois de plus chuté au cours des dernières années. Il avoue que l'un des problèmes de la Semry aujourd'hui c'est la vétusté et le manque du matériel.
Malheureusement, le paddy (riz non décortiqué) produit à Maga et Yagoua n'est pas consommé par les Camerounais. Il est exporté au Nigeria voisin. Par manque de décortiqueuse! Ce qui n'était pas le cas en 1985, lorsque la Semry produisait 100 000 tonnes. Alors on s’interroge pourquoi le gouvernement ne procède pas à un renforcement des structures existantes, ce qui reviendrait moins cher et plus rentable. Il s’agit en effet d’un prêt de 18 milliards pour une solution de 20 mille tonnes de céréales en vue de conjuguer des importations de plus de 400 mille tonnes annuels. D’un autre coté il est reproché au gouvernement le fait de se sur endetter pour des perspectives d’efficacité maigres, alors même qu’en accordant des garanties solides aux institutions financières locales dont on dit qu’elles sont sur-liquides, il aurait pu parvenir aux même résultats et éviter le cercle d’un endettement qui a déjà trop pesé sur le quotidien des camerounais